1995
67 - 72


CDS   #0248
Virgin Visa 3523
France
Songlist

Comment te dire adieu
Des ronds dans l'eau
Et si je m'en vais avant toi
La question
Soleil



Information :
This CDS was issued as a promotion sample - not for sale

Cover text :

"Ma Jeunesse Fout l'Camp" 1967 :
1967. L'annee de "l'ete de l'amour", des hippies en fleur et de la beatification des Beatles... En France, les ex-"yeyes" betifient a qui mieux-mieux. A part depuis ses debuts et les leurs, Francoise Hardy persiste seule sur la voie d'exigence qu'elle s'est tracee et signe "Viens la", ballade romantique et poignante comme les affectionnait aussi, outre manche, Marianne Faithfull ! Francoise est star europeenne : le cinema la courtise (pas n'importe qui : John Frankenheimer, pour un role dans "Grand Prix"), des grands couturiers se font plaisir en parant sa longiligne et nonchalante silhouette de leurs creations les plus extravagantes (Courreges, Paco Rabanne), et toujours pleuvent les tubes ("Des Ronds Dans l'Eau", pour un autre film, signe Claude Lelouch). L'album, lui, prend le titre d'une chanson entre ironie et nostalgie de Guy Bontempelli : "Ma jeunesse fout l'camp". Mais deux autres compositions de mademoiselle Hardy sont habillees un souffle en avant de l'air du temps par un certain John-Paul Jones, a la veille de former Led Zeppelin...

"Comment Te Dire Adieu ?" 1968 :
1968. "Sous les paves, la plage", scandent les etudiants parisiens ! Francoise Hardy n'y est pour personne : elle n'est pas loin de leur age, pas tres loin de penser un peu comme eux, mais ailleurs... Et de cet ailleurs, elle chante "La Mer, Les Toiles Et Le Vent" : sa revolution, c'est d'abord celle que poursuivent autour d'elle ses sentiments. Sentiments dont elle confie, cette saison-la, la mise en verbe a quelques plumes de haute volee. En attente d'elle : Serge Gainsbourg ("Comment te dire Adieu", "L'Anamour") et Patrick Modiano ("Etonnez-moi, Benoit"), l'humide tumefie et le timide effronte, drole de paire... Ou carrement inattendues : "Ou Va La Chance" est une transcription de "There But For Fortune" de Phils Ochs, titre popularisee aux USA par Joan Baez, deux amis de Bob Dylan, grand admirateur malheureux de Francoise ; "Suzanne" une magnifique adaption de l'alors inconnu Leonard Cohen ; "Il n'y a Pas d'Amour Heureux", une reprise doublee, comme pour conjurer le sort, du fameux tandem Aragon-Brassens. Au fond, si Francoise a pris du champ avec quelque-chose, c'est avec l'univers plus artificiel d'avant. Comme les etudiants... meme si elle prefere Rio a la Havane et Chico Buarque a Fidel Castro !...

"Soleil" 1970 :
Premier album d'une autre decennie, premier album entierement concu sous son controle, "Soleil" annonce un tournant dans l'evolution tout en douceur de Francoise Hardy : l'idole "sans le faire expres" des annees soixante a vecu, place a l'auteur, a la chanteuse, a la femme. D'emblee, l'auteir fait le "Point", mais ce n'est pas une analyse, plutot une ouverture. En tout cas un rock subtil, moqueur et savoureux. Chante par une artiste desireuse d'eclectisme, et autant preoccupee par le sens de l'humour que par la qualite de sa voix. Francoise, c'est le style. Style unique, fusion naturelle de sophistication et de verite, d'elegance et de nonchalance, de distance et de sensualite. Qu'elle chante "Le Crabe" d'Etienne Roda-Gil, une comptine aux arrangements pieges par Jean-Claude Vannier ou le "Soleil" en majeste, Francoise semble litteralement inventer le temps qu'elle traverse, l'air qu'elle respire, les brulures qu'elle apaise. Tout le contraire d'une image, cette jeune femme est deja une empreinte !

"La Question" 1971 :
En 1971, la route jusque-la sans accident de Francoise Hardy croise la course d'un meteore nomme Tuca. Tuca, musicienne et proselyte d'un Bresil charge de drames et de fetes, d'un Bresil qu'aime d'instinct et depuis longtemps l'imaginaire de la Parisienne : les deux femmes se reconnaissent, se comprennent, font les "fofolles" ensemble, ensemble s'epanchent, liberent leurs secrets, leurs guitares... Cet album, si special dans la discographie et le coeur de Francoise, accouche dans la joie et sous l'oeil clignotant du destin, cet album n'a pas d'age. Il etait d'avant-garde, risque, completement etrange et troublant, il l'est encore : par son atmosphere tropicale quasiment palpable, par l'intensite de textes aussi blesses qu'implacables (on pense a Camus, a Tenessee Williams), par l'audace decalee des orchestrations, la splendeur melancolique des melodies. Mais "La Question" n'est pas toute la : c'est le reflet d'une experience, l'echo d'une aventure. Une faille magique et une initiation au "tragique leger" cher a un autre sud-american, Vargas Llosa...

"Et Si Je M'en Vais Avant Toi" 1972 :
"J'aime bien les voyages / qu'on fait a deux chez soi / Alors ouvrez ma cage / Si ca ne vous plait pas..." En paroles, tout Francoise Hardy est la : apres dix ans d'une carriere tres singuliere, son immense succes marque le pas... pas elle ! En musique, plus determinee que jamais a n'etre qu'elle meme, elle enregistre a Londres dix de ces douze titres presqu'absolument ecrits de sa main (exception faite de "Cafard", perle rare et noire co-signee par... Jacques Dutronc). Guitares claires en avant, piano leger, sobres violons : le coeur toujours songeur de Francoise n'a plus qu'a distiller ses verites interieures, sans fard, sans complaisance. De tous ses albums passes comme a venir, "Et Si Je M'en Vais Avant Toi" est certainement le plus cru. Le plus "pop" aussi. Cocktail parfait de modernite orchestrale et d'eternel Hardy, de couleurs au gout d'ailleurs et d'humeurs bord-de-Seine, c'est ce qu'on appelle une petite merveille, narquoise et sexy, par une grande personne qui n'a pas l'air d'y toucher...